samedi 15 mai 2010

Un pas en avant, deux pas en arrière !…



gaucho pure race



sourire d'enfant heureux



gaucho à la découpe


la bête...



voici notre hôte, Leslie Umpierrez

- Il ne s’agit pas d’un nouveau pas de danse mais de propos circonstanciels entendus ici où là, dans le monde « moderne », où tout changement de mode de vie qui consiste à adopter des us et coutumes plus simples, plus en équilibre avec notre bonne vieille terre, plus orientés vers les échanges humains, moins empreints de besoins matériels est un « recul » et un « retour en arrière » !
- Ce petit mot s’adresse à celles (Madame ma Mère se reconnaîtra, n’est-ce pas ?) et à ceux (que ma Chère Mère se rassure, elle n’est pas la seule !), et ils sont quelques uns pour ne pas dire plus, qui ont ce réflexe oratoire. Vu où plutôt entendu du petit bout de ma lorgnette, et à mon âge le bout se rétréci, ce petit pas de danse me fait quelque peu sourire, de tendresse et d’amitié un brin compatissante. S’ils savaient, s’ils voyaient, s’ils pouvaient vivre ne serait-ce qu’un jour ce style de vie « arriéré » (adjectif cette fois-ci et non plus adverbe) ils utiliseraient très certainement d’autres qualificatifs dont je leur laisse le choix !
- Trèves de plaisanteries gentillettes, mais sur le fond je pense avoir trouvé le bonheur, tout du moins cela y ressemble… Jadis, jeune homme, j’ai goutté à l’avènement des « nouvelles technologies », je me suis passionné pour ces techniques qui, à mon avis de l’époque, devaient à coup sûr, permettre à l’Homme, aux hommes, de ne plus être asservis par des tâches fastidieuses et abêtissantes, de pouvoir révéler ce qu’ils savaient faire de mieux. Je me suis lancé à fond (rassurez-vous, mon « potentiel » n’était pas très élevé, fort heureusement pour moi !) dans ces nouveaux domaines ou la technique avait titre de noblesse et ou le savoir-faire de nos anciens était « obsolète » ( un mot très utilisé depuis lors). Je n’étais ni bon ni mauvais (peut-être plus mauvais que bon !) mais, avec beaucoup d’efforts, j’ai pu progresser dans ce nouveau savoir. Tout sujet industriel était jalonné de mots tels que « retour d’investissement », « rentabilité », « rendement », « qualité » et quelques autres vocables tout aussi « civilisés » et « rébarbatifs »! J’y ai cru, ma lorgnette d’alors ne voyait plus que le champ de la « technique », de « l’automatisation » et j’en passe. Je peux affirmer, ce jour, certainement un peu plus con que par le passé et tant mieux, que j’étais un crétin comme l’a si bien dit pour lui-même, ce vieux philosophe et scientifique couronné qu’est Albert Jacquard ! J’étais moulé dans la « conformité » de l’époque donc crétin tout comme lui mais à un niveau un peu plus élevé ! J’étais englué, et le terme n’est pas trop fort, dans l’ivresse de la performance et, quelque part, du pouvoir, en un mot dans l’imbécillité !
- Mais, et il y a toujours un Mais, tout au fond de moi, j’avais en permanence un sentiment de creux, de vide, d’inutilité, d’insatisfaction. Mon Chemin n’était pas là ! Fort heureusement pour ma « hure », ces sentiments de fond ont toujours été présents et n’ont eu de cesse de me tourmenter. C’est sans doute ce qui m’a permis d’approfondir « ma » question et de me pencher avec un peu plus de pertinence sur mon devenir. N’empêche, il y a eu moult répercussions sur ma vie quotidienne et pas toujours aisées à digérer pour mon entourage. N’empêche, j’ai payé de ma personne cet « engluement ». Il m’a fallu un temps certain et beaucoup de péripéties de vie pour digérer ce « moi » qui me tourmentait. Là encore, mes proches ont dû probablement, certainement, en baver quelque peu. Et, comme toute épreuve lorsqu’elle est plus ou moins bien digérée, lorsque l’on accepte de payer le prix, la marche est gravie. Et la vie est une somme de marches gravies bien que l’escalier soit infini.
- Tout cela pour en arriver à la conclusion, n’en déplaise aux « ceusses » qui argumentent dans le sens du recul, que je pense avoir avancé ! deux pas en arrière et trois pas en avant ! encore un nouveau pas de danse mais dans le progrès et non dans le recul ! Le bonheur est dans le pré et je l’ai trouvé ! « je n’aurais pas du quitter mon chêne, je vivais heureux » (G.Brassens) et je l’ai retrouvé !
- Ce dernier vendredi, nous étions invités à participer à « l’exécution de deux vaches ». Rien d’extraordinaire, me direz-vous ! Ne vous y trompez pas, nous avons vécu Une des journées les plus belles de notre vie. J’y ai retrouvé absolument toutes les sensations, les odeurs, les impressions de mon enfance lorsque l’on tuait le cochon dans mon petit village. Pléthores de gens simples, accueillants, vrais, amicaux et surtout libres dans leur dénuement matériel mais riches dans leur humanisme. Peu d’occidentaux ne sauraient imaginer des instants pareils ! Les deux vaches tirées à la carabine puis disséquées sur place sans « blouse blanche », sans normes sanitaires, sans règles de sécurité dûment signalées, sans « plan » de travail dans tous les sens du terme, librement quoi !. Tous participaient, et qui coupait le gras en tout petits morceaux, et qui enlevait les restes de viande sur les carcasses pour fabriquer les « chorizos », et qui « pelait » les autres morceaux, et qui lavait les intestins toujours pour ces mêmes « chorizos », le tout sous un humble cabanon avec, au dehors, un feu pour « l’asado ». Des gauchos « pur race » avec leur long couteau de travail, des « campesinos » riches de cœur, deux frères Franciscains animateurs de la paroisse ( et je ne suis pas catho…) en casquette et chemise de campagne, des enfants qui jouaient comme nous jouions dans le passé, des chiens qui attendaient les miettes d’un festin ! Une convivialité que j’avais presque oubliée depuis plus de quarante ans. Bonheur de vivre ensemble et de partager humblement, respectueusement et bonheur de profiter d’une journée pleine de soleil tant au sens propre qu’au figuré. Des senteurs inégalables, des goûts subtiles, des sourires enivrants, une chaleur humaine qui se fait rare dans notre pauvre occident. Un savoir qui ressort de chacun des gestes des participants et ce avec presque rien en matériel mais avec une grande âme. Un bon sens qui a presque disparu dans notre vieille Europe.
- Et ça, c’est du recul ? Ce sont des pas en arrière ? C’est un « retour en arrière » ? réfléchissez, mes « pauvres » amis, faites vous aussi un « retour en arrière », demandez-vous si vous êtes véritablement heureux dans votre cœur, remettez-vous en question un tout petit peu et vous aurez gravi une marche ! Je ne donne pas de leçons, le Ciel m’en est témoin, je tente tout simplement de vous donner les quelques clés qui, à Yvonne ainsi qu’à moi, enluminent notre quotidien.
CG

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